Pas moins de 356 millions $ ont été laissés sur la table dans les Laurentides, dans Lanaudière et à Laval dans la dernière année en raison de la pénurie de main-d’œuvre qui persiste dans le secteur manufacturier. Ces pertes ont été causées par des contrats refusés, des retards accumulés ainsi que des pertes résultant d’investissements retardés ou annulés. Problématique bien réelle dans le secteur manufacturier, presque la totalité des entreprises sondées dans les Laurentides, dans Lanaudière et à Laval affirme avoir des postes vacants et recense en moyenne 27 postes à combler par entreprise dans la région.

C’est ce portrait alarmant que révèle le sondage annuel mené par Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) auprès de 300 entreprises provenant de partout au Québec, dont les Laurentides, Lanaudière et Laval, afin de documenter l’état de la pénurie de main- d’œuvre et ses conséquences au Québec en 2022.

De graves répercussions pour l’économie des Laurentides, de Lanaudière et de Laval Au cours de la dernière année, 39 % des entreprises des Laurentides, de Lanaudière et de Laval ont pensé déménager une partie de leurs activités à l’étranger ou donner davantage de contrats à l’étranger. La majorité d’entre elles ressent les conséquences de la pénurie de main-d’œuvre en constatant des retards de livraison (82 %), une augmentation des coûts (73 %) et une insatisfaction des clients (62 %).

En plus des impacts économiques, s’ajoutent ceux sur la santé mentale des employés. En effet, 54 % des entreprises sondées soutiennent que la pénurie de main-d’œuvre entraîne des conséquences sur la santé mentale des employés et 21 % ciblent même la santé mentale comme la conséquence la plus importante.

Un fossé qui continue de se creuser

Selon les données de Statistique Canada, au deuxième trimestre de 2022, il y avait 31 985 postes vacants dans le secteur manufacturier québécois, en comparaison à 30 720 au premier trimestre de la même année.

Les secteurs comptant le plus de postes à combler au Québec sont ceux de la fabrication de matériel de transport, de machines et d’aliments.

Des emplois à difficiles à combler, malgré des salaires compétitifs

Bien que les postes les moins bien rémunérés sont les plus difficiles à combler, les postes vacants à salaire compétitif sont les plus nombreux. En effet, près de la moitié des postes vacants au sein des entreprises sondées se trouvent dans la tranche salariale de 20 $/h à 29 $/h et 38 % se trouvent dans les tranches salariales supérieures à 30 $/h.

Le recrutement international comme solution

À l’heure actuelle, une majorité (71 %) des manufacturiers interrogés en région se tourne vers le recrutement international pour pallier leurs besoins de main-d’œuvre. Les entreprises identifient toutefois plusieurs obstacles au recrutement de main-d’œuvre étrangère dans leur région, soit la complexité des processus, les délais, le manque de ressources pour accueillir les travailleurs étrangers et les coûts.

Près de la moitié (45 %) des entreprises manufacturières sondées est d’avis que le recrutement international et la hausse des seuils d’immigration devraient faire partie de la solution à la pénurie. Enfin, six entreprises sur dix sont d’avis que le gouvernement du Québec pourrait en faire beaucoup plus pour aider à régler le problème de pénurie de main- d’œuvre.

« Alors que nous parlons de plus en plus de récession économique, le Québec et ses régions ont plus que jamais besoin d’entreprises prospères. Pour assurer leur compétitivité face aux concurrents à l’international, ça leur prend des gens. Il n’y a pas de solution magique pour régler les enjeux liés à la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur manufacturier, mais il est possible d’actionner une série de leviers en même temps pour pallier les impacts sur nos entreprises au Québec et dans les Laurentides, en Lanaudière et à Laval. On peut penser à la hausse des seuils d’immigration, au passage des travailleurs étrangers temporaires vers l’immigration permanente, à l’accélération de l’automatisation et de la robotisation, à la hausse du nombre de manufacturiers qui bénéficient de programmes de formation. Nous sommes à l’aube d’une récession, le gouvernement doit faire de la pénurie de main-d’œuvre une priorité et en faire plus, plus vite, pour appuyer les entreprises manufacturières, les piliers de notre développement économique régional », a déclaré Véronique Proulx, présidente-directrice générale, Manufacturiers et Exportateurs du Québec.

Le rapport complet concernant les résultats du sondage se trouve ici